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Thunder Force : critique Kick-Atastrophe sur Netflix - ÉcranLarge.com

super-pourrave

Personne n'a attendu l'avènement des Avengers et compagnie pour rire des super-héros. Mystery Men, Ma super ex, Hancock, Super, Kick-Ass ou encore Super-Héros Movie s'y étaient frottés, tout comme les séries The Tick et The Boys, tirées de comics déjà existants. Autant dire que Thunder Force arrive après la bataille. Pourtant, personne dans l'équipe ne semble le savoir.

Bienvenue donc dans la formule la plus basique possible en la matière. Dans Thunder Force, un machin cosmique a frappé la Terre dans les années 80, provoquant une mutation génétique, mais uniquement chez les personnes pré-disposées à être des sociopathes. Les voilà donc affublées de pouvoirs extraordinaires, et renommées Malfaisants. Pour des raisons inconnues, ils n'ont toujours pas ravagé et pris le contrôle du monde, alors que personne ne peut les arrêter. Du moins jusqu'à ce que deux femmes se transforment plus ou moins volontairement en super-héroïnes, pour protéger la ville de ces vilains.

D'un côté : Melissa McCarthy, dans le rôle d'une loseuse alcoolique, sale et vulgaire (audace de casting), qui appuie sur le mauvais bouton du laboratoire et se retrouve dotée d'une super-force. De l'autre : Octavia Spencer, nerd, scientifique et femme d'affaires, qui a créé le sérum de super-pouvoirs, et peut devenir invisible. En face, il y a des super-vilains, dirigés par le super-vilain politicien Bobby Cannavale. Inutile d'espérer que tout ça cache quelque chose de moins bête, basique et téléphoné : les costumes de Thunder Force sont vides, comme le film.

photo, Melissa McCarthy, Octavia SpencerDirection le Comic-Con du Gers

WONDER WOMerde

Durant 1h45 interminables, l'équipe semble largement plus s'amuser que le spectateur. Normal : Thunder Force ressemble plus à une histoire de copinage que de cinéma. Le film est écrit et réalisé par Ben Falcone, mari de Melissa McCarthy. Il est produit par leur société On the Day Productions, comme leurs précédentes collaborations (Tammy, The Boss, Life of the Party, Superintelligence). Et comme d'habitude, Falcone se donne un petit rôle (ici, un sbire du super-vilain, avec un running gag évidemment naze).

Bobby Cannavale et Jason Bateman avaient déjà tourné avec l'actrice auparavant, notamment dans Spy et Arnaque à la carte. Le film est également produit par Marc Platt, qui est derrière le remake live de La Petite Sirène où McCarthy incarnera Ursula (et aussi La La Land entre autres). Et Netflix s'est payé tout ça, sachant que l'actrice avait mis un pied chez le géant de la SVoD avec les épisodes de réunion de la série Gilmore Girls en 2016.

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"On a signé sans scénario, youhou"

À l'écran, Thunder Force a tout d'une opération vide, où tout le monde a signé par principe, sur la promesse d'un pitch de trois lignes. D'où un scénario d'une médiocrité sans nom, qui empile les scènes-situations-répliques-idées-personnages vus et entendus mille fois, avec la candeur exaspérante d'un gamin qui pense avoir inventé les Lego en empilant ses crottez de nez. D'où des personnages caractérisés en deux dialogues poussifs, des enjeux dramatiques totalement laissés de côté (la fameuse amitié détruite entre les héroïnes), et un univers qui n'a aucun sens (le grand méchant veut contrôler le monde, mais n'a pas l'air de vouloir utiliser et assumer ses pouvoirs pour ça).

Écrit avec l'ambition de la saison 4 de Charmed et la subtilité de La famille Foldingue, Thunder Force ne sert même pas ses héroïnes, au contraire. Lydia est un cas social qui s'emporte trop vite ? Elle devra apprendre à maîtriser sa super-force plutôt que jeter des bus, et devenir une adulte responsable. Emily l'intello a toujours eu tendance à ne pas affronter le conflit et se mettre en retrait ? Son pouvoir d'invisibilité sera une thérapie pour qu'elle apprenne à exister, enfin. Une symbolique puissance neuneu, qui donne envie de revoir Les Indestructibles pour comparer le traitement lorsqu'il y a de vrais scénaristes.

photo, Melissa McCarthy

S'il avait fallu voir Thunder Force au cinéma

IMPRO(MAL)VISER

Thunder Force illustre à merveille une certaine dérive de la comédie américaine : cette logorrhée aux allures de semi-impro dont Melissa McCarthy est devenue l'experte. Passée par la troupe d'impro The Groundlings, l'actrice a ça dans le sang et l'a montré chez Judd Apatow (40 ans mode d'emploi, En cloque, mode d'emploi) et bien sûr Mes meilleures amies (notamment face à Ben Falcone, encore). Mais cette arme comique faiblit si elle sert de moteur à un film entier.

Le film est constamment freiné par ces échanges interminables, où un bout de blague est étiré dans un ping-pong de malaise, jusqu'à l'impasse. Un gag sur un bol de lait avarié mélangé à la bière, un autre sur Urkel de la série La Vie de famille, une pause musicale sur Kiss From a Rose de Seal (parce que, Batman Forever bien sûr), un monologue d'un sbire qui explique comment il préfère être appelé, sans oublier les chutes de Melissa McCarthy : chaque scène est construite et filmée de la même manière.

Et tant pis pour ce si précieux sens du timing comique, qui repose traditionnellement sur la précision et les silences - bref, l'écriture. Le rire, l'émotion, l'action : tout est surjoué, surligné, surexpliqué, et ramené au même niveau. Parce qu'en plus, Thunder Force se cherche, n'assumant ni pleinement la parodie super-héroïque (bien trop plate pour être drôle et pertinente), ni le vrai film de super-héros (bien trop basique pour être divertissant).

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Les Gardiens de la fallacie

Aucune surprise face à une mise en scène au mieux transparente, au pire grossière (notamment dans l'action). Le meilleur aveu d'échec est la femme invisible, en réalité quasiment toujours visible pour le public grâce à un halo translucide, et qui réapparaît dès qu'elle interagit avec quelqu'un. Le cruel manque de fantaisie n'arrange rien, puisque ce monde bombardé de rayons cosmiques incroyables se résume à une madame éclair (Pom Klementieff, la seule capable de presque amuser) et un robuste monsieur colérique aux yeux rouges. Même chose du côté des héroïnes : l'une tape très fort et encaisse les coups, tandis que l'autre utilise plus son taser que son invisibilité.

Il y a bien sûr l'homme-crabe, parodie de Spider-Man mordu aux couilles par un crabe génétiquement modifié, et qui a désormais des pinces à la place des bras. Il va donc briser son verre de vin au restaurant avant de s'énerver quand on lui propose des fruits de mer, sera littéralement assaisonné par l'héroïne pendant les préliminaires, et aura même droit à une scène de danse fantasmée avec elle.

C'est dans ces moments qu'on se dit que Melissa McCarthy et Ben Falcone feraient mieux d'ouvrir une chaîne Twitch pour enregistrer leurs soirées entre potes dans leur villa, plutôt que faire des films.

Thunder Force est disponible sur Netflix depuis le 9 avril 2021 en France

Affiche officielle

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